Vous êtes peut-être déjà adepte, ou du moins familier, du terme “slow”. Cet anglicisme (qui signifie littéralement “lentement”) se retrouve aujourd’hui dans la slow-food, la slow-fashion, le slow-tourism ou le slow-living. Le mouvement Slow repose sur deux grands principes :
- prendre le temps : réfléchir en amont de nos actions, se préparer, faire preuve de patience
- favoriser la qualité plutôt que la quantité : créer de la valeur, même avec parcimonie, et moins de quantités obsolètes
Si vous êtes à la tête de votre marque ou business éthique, vous connaissez l’importance d’une bonne communication. Mais est-ce que votre communication est alignée avec vos valeurs d’entreprise ? En d’autres termes, êtes-vous dans la slow communication ? Dans une ère où tout va très vite, où il faut faire toujours plus. Et si vous étiez un slow communicant ?
I – Qu’est-ce que la Slow Communication ?
À l’origine du terme “Slow”, il y a l’histoire de ce restaurateur italien qui, voyant arriver les grandes enseignes de fast-food dans sa ville, à la fin des années 80, à décider de prendre le virage inverse. Il voulait proposer une cuisine de qualité, composée de produits frais, et préparer par des employés dont il respectait les droits et le travail. Tout ce que son nouveau concurrent n’était pas, en somme.
Vous l’aurez compris, dans une époque où tout va très vite, la slow communication est une stratégie de contenu marketing bienvenue. Elle se définit par une volonté de communiquer moins, mais mieux. L’idée n’est pas de communiquer “lentement”, mais plutôt de manière efficiente. La qualité du contenu est privilégiée à la quantité. De même, les supports de communication sont revus pour s’adapter aux enjeux écologiques de la communication digitale. (Nul besoin de faire 27 stories pour parler de votre nouvelle gamme de produits).
On observe, depuis quelques années, une prise de conscience des consommateurs, face aux enjeux environnementaux et sociaux. Cette prise de conscience se traduit au quotidien, dans leurs achats, leurs choix de consommation et leur mode de vie. Si vous êtes une marque ou une entreprise prônant des valeurs écoresponsables, il me paraît évident que vous devez opter pour cette stratégie de communication.
Pour simplifier, et réfléchir à l’implémenter dans votre communication d’entreprise, la slow communication repose sur 3 grands piliers :
- l’authenticité
- la responsabilité
- “faire moins, mais mieux”
Je vous explique tout de suite, comment adopter et mettre en place ces 3 piliers !
II – Comment adopter la Slow Communication ?
Vous vous sentez noyée dans la “sur-” quelque chose : surproduction, surconsommation, suroptimisation, etc… ?
Avec l’avènement des réseaux sociaux, on a vu fleurir le snack content. Fer de lance du marketing viral, il vient créer du contenu rapide, facile à consommer sur nos applis et mobiles, et dont on aura tout oublié dans les jours qui suivent. À l’heure de l’infobésité, des chaines télé en continu où les présentateurs radotent un pseudo-scoop, la slow communication fait des adeptes. Car elle offre tant à celui qui la produit, qu’à celui qui la consomme, le droit de prendre le temps et d’accéder à une information de qualité.
En plus de l’aspect temporel de cette stratégie, la slow communication incite à proposer et à consommer un contenu de qualité, fiable, authentique et sourcé.
Comme on vient de le voir, pour appliquer la slow communication à son business, sans faire de greenwashing, on s’appuie sur ses 3 piliers fondateurs.
1. L’authenticité : une communication vertueuse et transparente :
Par authentique, j’entends ici que votre communication doit être le reflet de vos valeurs, celles de votre marque, et de ce que vous êtes en tant qu’entrepreneure. De fait, l’authenticité ne signifie pas être parfaite ! Vous avez le droit à l’erreur, et en parler ne fera que renforcer le lien de confiance que vous établissez avec vos clients. Ne cherchez pas à enjoliver les choses, et assumez de ne pas réussir tous vos projets du 1ᵉʳ coup.
Pour autant, ne parlez pas de TOUT ce qui vous arrive. Gardez à l’esprit que ce que vous partagez doit avoir une résonance avec votre public. Il vous arrive un couac avec un retard de délai de livraison de vos produits ? Confiez-vous ouvertement. D’une part, vous rassurez vos clients en attente de leurs commandes. Vous êtes transparente sur les galères que l’on peut rencontrer en tant que cheffe d’entreprise. Enfin, vous renforcez la relation client en affirmant que vous mettez tout en place pour résoudre le problème, que vous cherchez une solution et que vous n’êtes pas passive dans cet événement.
Quand le mot “marketing” peut faire peur et être synonyme de manipulation, être réaliste, honnête et transparente est le meilleur moyen d’être crédible auprès de votre audience. La slow communication, c’est un levier puissant dans une stratégie marketing éthique et responsable.
Mon conseil : Parlez de ce qui vous tient à cœur, des causes que vous défendez, des actions que vous mettez en place. Le tout consiste à être transparent et honnête avec vos lecteurs, pour créer de l’engagement et les fidéliser.
2. La responsabilité : une communication durable et éthique
La slow communication invite à prendre le temps, le temps de lire un bon article, le temps d’emmagasiner une information pertinente. Elle insiste aussi sur le caractère durable de sa présence en ligne.
On le sait, la communication digitale n’est pas sans polluer. Cet article, au moment où vous le lisez, a généré et génère encore une pollution numérique : écrit sur un ordinateur, stocker sur un serveur, puis lu sur un autre support (votre ordinateur, téléphone portable, tablette, etc)… Je vous laisse donc imaginer les dégâts du snack content, des vidéos de danse TikTok, des articles aux titres accrocheurs qui ne vous révèlent rien d’important…
Quand on opte pour la slow communication, on fait le choix de se questionner sur la pertinence des messages que l’on transmet. C’est le principe du contenu evergreen : un contenu intemporel qui ne nécessitera que quelques mises à jour occasionnelles. À titre d’exemple, cet article est un contenu evergreen. En effet, la définition et les champs d’application de la slow communication ne vont pas changer de sitôt. À l’inverse, si je vous propose un article sur les 10 tendances marketing à suivre en 2024, celui-ci sera périmé au 31 décembre !
Mon conseil : La slow communication ne suit pas les tendances ! Si vous décidez d’appliquer cette stratégie de communication aux réseaux sociaux, vous éviterez de suivre et créer les Reels à la mode, ou de poster 257 story par jour. Il vous faudra réfléchir à l’importance et à la pérennité de vos contenus. Sur le long terme, ce sont vos clients et lecteurs qui vous remercieront pour la qualité de votre prise de parole.
3. “Faire moins, mais mieux”
Cette petite phrase pourrait synthétiser la démarche slow communication à elle toute-seule. “Less is more” est une philosophie de vie que l’on retrouve chez les minimalistes de tout genre.
Comme je le disais plus haut, concernant votre authenticité, tout n’a pas lieu d’être dit. Certaines informations n’apportent rien de concret et utile à vos clients. La slow communication invite à poser un filtre sur ce que l’on partage. Je ne vous dis de vous brider dans ce que vous souhaitez partager. Mais je vous incite plutôt à questionner la pertinence de votre message.
Enfin, cet adage s’applique aussi et surtout dans la forme de votre communication. Comme évoqué au-dessus, la pollution numérique est une affaire sérieuse. Loin de pouvoir complètement s’en passer, nous pouvons faire en sorte de limiter soit notre présence en ligne (nombre de canaux de communication, temps d’écran, quantité d’informations partagées), soit les outils de communication à notre disposition.
La vidéo, bien que considérée comme un média porteur par les spécialistes du marketing, est extrêmement énergivore. Selon une étude du site Greenspector, publier une photo en story consomme presque deux fois plus que publier une photo fixe. Le même message peut donc être apporté à vos clients de manière plus propre pour la planète. Et plus rapide pour vous à créer aussi !
Mon conseil : poster moins, mais faites en sorte que vos prises de parole soient de qualité ! Ne vous tournez pas de manière automatique vers le format vidéo, sous prétexte qu’il peut vous attirer une plus grande visibilité (voire créer le buzz). Votre message passe très bien sur un format plus léger tel qu’une photo, un article de blog, une newsletter, etc. Enfin, la régularité paie. Je vous suggère d’offrir à vos clients, un rendez-vous digital par semaine/mois et qu’il soit exceptionnel. Plutôt qu’une multitude d’apparitions mal préparées et irrégulières.
Maintenant que nous avons mieux cerné le sens des fondements de la slow communication, il est temps de voir comment les mettre en place. Je serai rapide, parce que je crois que vous avez déjà vu/entendu les conseils qui vont suivre (preuve qu’ils sont valables dans beaucoup d’aspects de l’entrepreneuriat).
Pour produire du contenu pérenne et pertinent, qui suivent vos valeurs et celles de votre entreprise, il faut :
- bien cibler son lectorat : répondez à leurs interrogations, apportez-leur une information utile et dont ils ont vraiment besoin. Vos lecteurs, prospects et clients vivent dans un monde saturé d’informations. Offrez-leur un message qui les nourrisse et réponde à leurs questions ou envies.
- soyez régulier : contrairement à vos concurrents qui produisent du contenu à tout-va, la slow communication prend son temps. Il faut donc être patient. Mais pour que cette stratégie de communication ait un réel impact, il est important que vous soyez régulier dans vos contenus. Ici, c’est vous qui fixez le cap en fonction du temps que vous avez à consacrer à votre communication (si vous la faites vous-même), du budget que vous pouvez lui allouer (si vous la déléguez), ou de vos impératifs commerciaux (annonces de sorties, nouveautés, réassorts etc).
- soignez la qualité : la création de contenu authentique nécessite de sourcer vos informations, de faire des recherches. Un contenu de qualité se voit au 1ᵉʳ coup d’œil. Soyez vigilant sur le message, sa portée, ses valeurs. Cela fonctionne aussi tant sur la forme que sur le fond de votre communication.
III – Pourquoi opter pour la Slow Communication ?
Il n’y a que des avantages à se tourner vers une communication plus “lente”, plus efficace et plus qualitative. Petite liste exhaustive de ses bienfaits :
1. Bénéfices pour vous :
Votre temps, en tant que cheffe d’entreprise, est précieux. Que vous soyez seule dans votre business #teamsolopreneur, en petite équipe ou à la tête d’une équipe de salariés, la communication consume une part non négligeable de votre temps. Vous êtes toujours responsable de ce qui est dit de vous ou de votre entreprise. Vous créez vous-même vos posts et story, vous déléguez à une personne de votre équipe ou vous brainstormez avec votre pôle marketing et communication : vous y passez du temps !
La slow communication a de spécial le fait de ne pas être trop redondante. J’entends par là, qu’elle ne nécessite pas de poster tous les jours, à toute heure de la journée ! C’est pourtant, ce que vous répéteront TOUS les community managers, TOUS les consultants en communication digitale, TOUS les social media managers.
Faire le choix de la slow communication, c’est prioriser son bien-être, renoncer à sa charge mentale, et affirmer vos valeurs éthiques !
2. Bénéfices environnementaux :
Les bénéfices environnementaux de la slow communication résonnent forcément avec le point abordé précédemment. Vous décidez de créer moins de contenus pour ne pas submerger votre lectorat ? Évidemment, moins de contenus signifie moins de création de datas. Moins de poids et de charges sur les serveurs des datas centers. Moins de pollution numérique.
L’ADEME estime que le numérique représente 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. F l’échelle nationale, ce chiffre s’élève à 2%. Il faut toutefois se rappeler que ces données font référence à la fabrication des terminaux, au fonctionnement des réseaux et à la fin de vie des équipements. Toujours selon l’ADEME, en France, 10% de l’électricité sert au fonctionnement des services numériques !
Pour info, le streaming vidéo et les réseaux sociaux sont les deux données les plus consommées dans le monde. Elles représentent donc une part non négligeable dans cette pollution numérique. À mon humble avis, l’usage de la vidéo dans une stratégie de slow communication n’a pas sa place. Le streaming vidéo représente aujourd’hui plus de 300 millions de tonnes de CO2 émis, par an (l’équivalent de 9 232 820 031 de sweats en coton…).
3. Bénéfices pour votre business :
Vous avez fait le choix de vous lancer dans un business éthique, qui correspond aux valeurs écoresponsables, sociales et humaines que vous défendez. Votre communication se doit d’être alignée avec ces valeurs. Sinon, comment expliquer le manque de cohérence entre votre activité et la forme de votre message ? Aujourd’hui, les consommateurs sont sensibles aux efforts des entreprises en matière de communication. Cela vaut aussi pour le greenwashing d’ailleurs. Plus personne n’est dupe. Alors n’hésitez pas à coordonner votre business avec ce que vous transmettez aux autres.
Un autre bénéfice important et qui fait écho à la notion de temps abordée plus haut, c’est la créativité. En choisissant de communiquer moins, vous vous dégagez du temps pour vous consacrer à d’autres aspects de votre entreprise. C’est notamment le cas de votre créativité. Vous êtes plus à l’écoute de vos idées, vous développez des projets, et accordez plus de temps à vos collaborateurs et vos clients.
D’ailleurs, si vous réduisez la quantité de vos éléments de communication, vous pouvez aussi consacrer plus de temps à votre communauté. Entretenir une bonne relation client est indispensable et gage de réussite dans un business. Cela revient à respecter aussi vos valeurs humaines et éthiques. Vos clients méritent toute votre attention.
IV – J’ai fait le choix de la Slow Communication :
Lorsque j’ai lancé mon activité de rédactrice web et consultante en communication et en référencement, je savais qu’il me faudrait communiquer. Je voyais chaque jour, des dizaines, voire des centaines, d’entrepreneuses, comme moi, parler de leur business. Je savais que je devrais me jeter dans ce bain-là, sauf que… Je ne me reconnais pas dans ces pratiques.
D’abord, la création de contenu est très chronophage. C’est ce que je pense lorsqu’il s’agit de créer du contenu pour mon compte Instagram. C’est la même raison qui pousse bon nombre de mes clients à faire appel à mes services de rédactrice web d’ailleurs : ils n’ont pas le temps de gérer leur création de contenu rédactionnel (blog, newsletter, réseaux sociaux) ! Je préfère me consacrer à mes missions, à mon apprentissage constant, à faire de la veille, etc.
Le contenu textuel étant l’un des moins lourds et des moins polluants, je communique principalement sur mon blog. Vous ne verrez ni vidéos ni animations sur mon site. Je limite ma présence digitale à deux réseaux sociaux : Instagram et Pinterest. J’ai un compte LinkedIn sur lequel je suis peu active. À l’heure où j’écris ces lignes, je n’ai pas de newsletter, ni de podcast.
Ensuite, je me sens noyée dans trop d’informations. Comme je le disais à l’instant, il existe pleiiiiiiin de comptes d’autoentrepreneuses. Toutes ces données, gratuites, sont géniales, et j’ai appris beaucoup grâce à elles. Seulement, je ne savais plus où donner de la tête ! Et je ne vous parle que de données partagées par des professionnelles, comme moi. En réalité, nous sommes submergés d’infos en continu ! Je ne voulais pas m’inscrire dans ce schéma d’infobésité permanente. La slow communication me permet de ne partager que l’essentiel, que ce qui me fait plaisir et qui peut apporter quelque chose à mes lecteurs et clients.
Enfin, la question du réchauffement climatique occupe mon esprit et mon quotidien. Je suis attentive aux actions que je mène tous les jours pour limiter mon empreinte carbone. Évidemment, travailler dans le digital impliquait que je sois éduquée sur la pollution numérique. J’en suis consciente, et pour autant, de nos jours, il est difficile de se passer totalement d’une présence en ligne lorsque l’on est une entreprise. Comme pour toutes les innovations, ce n’est pas tant l’outil qui est blâmé, mais ce que nous en faisons. Je veux m’engager à être la plus écoresponsable possible. Non, mon site n’est pas parfait, mais j’y travaille.
Après m’être intéressée à la slow communication, j’ai découvert que c’était pour moi, la stratégie de communication la plus alignée avec qui j’étais et ce que je défendais.
Conclusion
Avec l’explosion des réseaux sociaux, les canaux de diffusion et de communication se sont multipliés. De fait, les messages, leurs contenus, leurs formes et se sont dilués. Noyés dans la masse, constamment alimentés par des professionnels comme des particuliers, il est difficile de se faire une place.
Choisir la slow communication, c’est cultiver un sentiment de rareté. Votre parole est précieuse, elle se mérite. Il en est de même pour votre temps. Mais plus important encore, il en est de même pour le temps de vos lecteurs et clients.
Cette stratégie de communication n’a que des avantages. Alors oui, au début, vous avez le sentiment de nager à contre-courant des règles établies par les algorithmes et la surproduction de contenus. Et puis, très vite, les bienfaits de la slow communication se font ressentir. Vous êtes enfin alignée avec vos valeurs profondes. Vous respectez vos engagements éthiques et responsables. Vous offrez un contenu pertinent, fiable et sourcé. Vous allégez votre charge mentale tout en maintenant votre crédibilité et celle de votre entreprise.
Et tout cela, dans l’intérêt de votre communauté, vos clients, vos lecteurs, vos interlocuteurs. Et la planète.
Alors, prête à adopter la slow communication ?